Arts d’être
Yoga du Cachemire
avec Scylia Condamin
Selon l’enseignement de Jean Klein, transmis par Eric Baret

Pour « pratiquer » ce Yoga, il ne faut ni être particulièrement jeune ni particulièrement souple. Dans une écoute sans intention, il s’agit de voir, en conscience, ce qui apparaît et de pratiquer avec cette réalité. Il n’y a rien à envier au voisin, rien à atteindre, simplement être là et faire à sa mesure : la posture juste est celle que me permet mon corps, dans l’instant.
Ici on ne s’assoit pas sur un tapis pour se purifier, pour devenir plus ceci ou moins cela. Ce que je suis est ce avec quoi je dois pratiquer. Dans mon écoute, je découvre qu’il n’y a rien à changer. C’est dans cette absence d’intention, dans ce lâcher-prise, que le changement devient possible.
Les prochaines séances
De ce fait, le Yoga du Cachemire n’est pas une discipline ascétique dont on se servirait pour obtenir une quelconque réalisation spirituelle.
Le Yoga du Cachemire est un art. Un art se pratique par le coeur, par résonance. Un art se pratique “par” et non “pour”.
La démarche yogique est donc ici une expression et non un moyen. C’est extrêmement différent parce-que toute l’approche technique va être abordée sans intention. L’intention va petit à petit être remplacée par la sensibilité, par l’intensité, non pas une intensité vers quelque chose, vers un futur, un devenir, mais une intensité par quelque chose, par une présence dénuée de nous-même, une présence impersonnelle.
Quand on ne veut plus rien, quand on ne sait plus rien, quand le corps quitte sa référence psycho-organique, la pratique du Yoga devient écoute vibrante, pressentiment de la tranquillité.

Lorsque le corps quitte sa représentation, quand il n’est plus envisagé ni perçu comme un objet de la mémoire, avec ses repères anatomiques, il redevient un outil de réceptivité, une caisse de résonance pour l’environnement. L’éveil de tous les sens mène à une transparence de la corporalité, et permet un réel nettoyage des encombrements psycho-physiologiques. Le corps de séparation s’efface pour laisser émerger le corps de vibration.
C’est dans mon écoute, libre de toute attente, de tout commentaire, que la réactivité constante du corps pourra s’atténuer. Dans cette démarche, nous ne cherchons pas à sentir la détente et à nous libérer des tensions. Au contraire. C’est la tension du corps qui va permettre la prise de conscience de ce qu’est vraiment la détente.

Par opposition aux voies progressives, où l’on cherche à purifier son corps et son mental, la voie directe dans laquelle s’inscrit le Yoga tantrique cachemirien se réfère à l’instant et l’envisage comme l’unique réalité.
Dans cette réalité de l’instant, les choses sont parfaites telles qu’elles sont. Le mot parfait n’est pas entendu au sens de merveilleux, mais au sens de “par-fait”, ce qui est fait, ce qui est là. Il n’y a donc pas lieu de vouloir ajouter ou enlever quoique ce soit, cela ne serait que violence, mais plutôt d’observer, d’écouter, d’explorer ce qui est là. C’est dans mon encombrement que je dois trouver ma liberté. Ma tranquillité n’est pas là-bas, elle est ici.